Comment Matthieu Pigasse à acheté les Inrocks ?

On le voit partout. Des pages des Échos à celles de Elle, du plateau de Yann Barthes à celui de Taddei, Matthieu Pigasse se dévoile, ressasse son amour des Clashs, promeut son dernier bouquin, prodigue ses conseils ou clame son soutien à François Hollande. Allumez un projecteur, vous trouverez Matthieu ; il se glisse dans chaque parcelle de lumière offerte par les médias. Costard Dior pour la forme, verbiage progressiste pour le fond : l’homme soigne son image de patron branché qui assume ses contradictions. Matthieu est chic et punk; financier et socialiste. Il se dit animé par un profond sens social mais appartient à une élite coupée du peuple. Et alors ?… Notre héros moderne cultive ces paradoxes, imbu de l’idée qu’ils sont les fondements de sa singularité.

Matthieu agace

De son anticonformisme Matthieu est convaincu. Il prône d’ailleurs la révolution. Ou plutôt les révolutions. C’est le titre de son dernier livre. Il y expose les nécessités d’une Europe fédérale, l’unique moyen, selon lui, d’éviter que la France esseulée se paupérise dans le contexte mondialisé. Pour se renforcer, les pays du vieux continent doivent oser, mener une politique commune. L’Histoire nous a pourtant enseigné le contraire : ces nations – le mot écorche l’oreille de Matthieu –, ont bâti leur grandeur sur la rivalité qui les opposait. Mais du passé Matthieu se moque. Il se tourne vers l’horizon : l’avenir ! Pas un coup d’œil en arrière. Surtout pas ! L’identité des peuples nuit à la logique mondialiste et libérale du progrès.

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1 Place Pigasse, de Bercy à Lazard

Matthieu est un homme pressé ; ses journées sont des marathons. Après avoir cherché des solutions à la crise grecque et s’être occupé de ses affaires au Monde, aux Inroks et chez Lazard, il trouvera le temps de s’occuper de ses enfants, de lire Verlaine, de jouer aux jeux vidéos, de regarder un programme de télé réalité et de s’en vanter le lendemain, aux aurores, dans les locaux d’une radio parisienne.

Chez lui tout est mouvement. Mais après quoi peut désormais courir Matthieu Pigasse ? A 44 ans cet énarque a déjà tout. Millionnaire, considéré de la Place de la Bourse aux rédactions parisiennes, il gravite dans les hautes sphères de la finance et des médias. La politique peut être… Matthieu tutoie déjà le milieu. Avant Lazard, il y eut Bercy – il a successivement travaillé pour Dominique Strauss-Khan et Laurent Fabius. On l’encensait déjà au Ministère des finances. Puis il y eut 2002 : l’humiliation de Jospin et les bons conseils d’Alain Minc l’amenèrent à rejoindre la banque Lazard.

No future, yes stock-options

Matthieu est brillant ; Matthieu a des idées ; Matthieu se verrait bien homme politique. On comprend qu’il y croit. Après tout, il n’est pas plus paradoxal que les dignitaires du PS ; après tout il en sait beaucoup sur les difficultés de la France, c’est un expert en restructuration de dette souveraine. Et puis, Matthieu n’est pas un héritier, un bourgeois sybarite. Sa fortune il ne la doit qu’à lui-même ; c’est un digne représentant de la méritocratie républicaine, ce qui contribue à son fort capital sympathie.

Mais hélas, et c’est là que le bât blesse, Matthieu a trop de sympathie pour le Capital. Il codirige une banque qui ne s’est pas distinguée par son éthique par le passé. Matthieu a beau être un banquier de gauche, il reste banquier. Impossible de se départir du costume. Il est improbable que le PS, qui peine déjà à justifier ses paradoxes, prenne un jour le risque d’adjuger un ministère à une pareille engeance, même retirée des affaires. La finance a fait trop de mal ; le peuple est méfiant, il ne tolérerait pas une telle initiative.

Matthieu Pigasse est de la race des puissants, un Jean-Marie Messier mâtiné d’Alain Minc, mais il n’assouvira jamais son appétence pour la gloire. Lui que la lumière attire tel un insecte est condamné à tirer les ficelles dans l’ombre, au sein de sa caste de financiers et des institutions bruxelloises.

Source : https://www.leblogfinance.fr/

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